DU BELLAY (1522-1560) :
Le poète Joachim du Bellay composa en 1558 une longue pièce de vers "Vers français sur la mort d'un petit chat" qu'il adresse à son ami Olivier de Magny. Du bellay, alors en Italie, se lamente de la mort de son petit chat "BELAUD".
"Maintenant, le vivre me fâche ;
Et afin, Magny, que tu saches
Pourquoi je suis tant éperdu,
Ce n'est pas pour avoir perdu
Mes anneaux, mon argent, ma bourse...
Et pourquoi est-ce doncques ?... Pour ce
Que j'ai perdu depuis trois jours
Mon bien, mon plaisir, mes amours.
Et quoi ? O souvenance grève
A peu que le coeur ne me crève
Quand j'en parle, ou quand j'en écris
C'est Belaud, mon petit chat gris,
Belaud, qui fut, par aventure
Le plus bel oeuvre que Nature
Fit onc en matière de chats
C'était Belaud la mort au rat,
Belaud, dont la beauté fut telle.
Qu'elle est digne d'être immortelle.
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Doncques Belaud, premièrement
Ne fut pas gris entièrement
Tel qu'en France on les voit naître,
Jean Simonnet souligne dans son livre dédié à la race : "Ainsi donc en 1558, un français propriétaire d'un chat "gris argentin" taché de blanc sous le ventre était surpris de ne pas le voir d'un gris uniforme 'tel qu'en France on les voit naître', ce qui prouve que ces chats étaient bien connus en France."
Mais tel qu'à Rome on les voit être
Couvert de poil gris argentin,
Ras et poli comme satin,
Couché par onde sur l'échine
Et blanc deffout comme une ermine
Petit museau, petites dents
Yeux qui n'étaient point trop ardents ;
Mais desquels la prunelle perse
Imitait la couleur diverse
Qu'on le voit en cet arc pluvieux
Qui se courbe au travers des cieux.
La tête à la taille pareille,
Le col grasset ; courte l'oreille,
Et dessous un nez ébenin,
Un petit mufle léonin
Autour duquel était plantée
Une barbelette argentée
Armant d'un petit poil follet
Son musequin damoiselet
Jambe gresle, petite patte,
Plus qu'une mouffle délicate
Sinon à lors qu'il dégainoit
Cela dont il égratignoit
La gorge douillette et mignone,
La queue, longue à la guenonne,
Mouchetée diversement,
D'un naturel bigarrement ;
Le flanc haussé, le ventre large,
Bien retroussé dessous sa charge,
Et le dos moiennement long,
Vrai souriant s'il en fut onq'.
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Il avait cette honnêteté
De cacher dessous la cendre
Ce qu'il était contrait de rendre !
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Tel fut Belaud, la gente bête,
Qui des pieds jusques à la tête
De telle beauté fut pourvue
Que son pareil on n'a point vu.
Du Bellay qui semblait particulièrement aimer les chats "gris-bleu" est aussi l'auteur de "Sonnet à Ménine" (Regrets). Ménine semble bien être une chatte des chartreux.
Ménine aux yeux dorés, au poil doux, gris et fin,
La charmante Ménine, unique en son espèce.
Ménine, les amours d'une illustre Duchesse
Et donc plus d'un mortel enviait le destin.
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Ménine, qui jamais ne connut de Ménin,
Et qui fut de son temps des chattes de Lucrèce
Chatte pour tout le monde, et pour les chats tigresse :
Au milieu de ses jours en a trouvé la fin.
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Que lui sert, maintenant, que dédaigneuse et fière
Jamais d'aucun matou, sur aucune gouttière,
Elle n'ait écouté les amoureux regrets.
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La Parque étant ses droits sur tout ce qui respire
Et de ne rien aimer tout le fruit qu'on etire,
C'est une triste vie, et puis la mort après.
PIERRE BIARD :
Au cours du dernier quart du 16ème siècle, Pierre BIARD (dit le vieux) sculpteur à la cour du roi de France dessina un "Portrait de femme tenant un chat dans ses bras". Cette oeuvre qui appartenait à Philippe de Chennevières, fut acquise par l'état français en 1900 (Musée du Louvre, département des arts graphiques). C'est, à notre connaissance, la première représentation d'un chat "gris-bleu" de type Chartreux sur un tableau (voir ci-dessous)